L’étude du minéral participe à mes recherches. Les falaises de calcaire de la Montagne Sainte Victoire et des Calanques marseillaises, la terre ocre de Provence, font parties de mon paysage quotidien. A partir de dessins et de photos, je questionne la structure des roches. Ce travail de recherche des formes élémentaires sculptées par le vent et l’eau au cours du temps, me permet d’exprimer dans ma peinture les étapes de la vie sous formes de strates révélées par un procédé de retrait et de dilution de la matière en lien avec les procédés naturels à l’œuvre dans les formations géologiques.
Elle participe du procédé de transformation de la matière.
Les toiles déjà sur châssis ou les papiers captent les dessins formés par les encres ou les pigments mêlés à l’huile dans un bassin rempli d’eau. Par paliers successifs, le support immergé, imprime et laisse filer par capillarité ou par évaporation des strates, des lignes de failles et de fuites.
Aujourd’hui, ce qui sourd des profondeurs est mis à jour, affleure à la surface de la roche, glisse. Sur le support, papier, toile nue ou marouflée, transparent, l’EAU est là. Elle envahit la surface, traverse l’espace, file.
Au contact de sa fluidité, les blancs deviennent aqueux, opalescents, translucides. Les failles s’ouvrent se détachent, la pierre modelée par l’eau fixe momentanément son mouvement avant de le libérer.
Bernadette Clot Goudard - Historienne d’art – Responsable artistique de Voyons Voir art contemporain et territoire en provence.
Le blanc de la toile ou du papier, circonscrit par les premières traces de pinceau, diffuse de la lumière qui va vivre avec les variations naturelles du jour. Parrallèllement de grands espaces intersticiels ouvrent des fractales dans la toile, comme une invitation à pénétrer et aller là où sourd la lumière. Ces grandes échappées vers un ailleurs peut être sidéral happe le regard et le retient sur le bord de la faille.
Bernadette Clot Goudard
« La lumière est vibration. Iridescente, elle sort des profondeurs de la terre et se dilate à l‘infini. Elle emprunte au spectre qui s’étale du rose-orangé aux bruns ténébreux du sol des tons qui déclinent ceux de l’aurore et la lente émergence du souffle spatial. Ses grandes bâches, qui refusent le soutien du châssis au profit d’une liberté du support permettent à la forme de se faire réceptacle. Ce que vit alors le spectateur est une présence intériorisée, il expérimente son « être » dans l’espace de la toile, il a la possibilité de s’abandonner, de définir et sentir le monde d’après son propre mode perceptif ». Christiane Courbon - Critique d’Art, Présidente du musée d’art contemporain ARTEUM de Châteauneuf le Rouge.